DEB | Le miroir à 2 faces
Il y a, chez moi, deux miroirs qui se font la nique. Et c'est moi qui en fais les frais. J'en bave. Car voici : de moi, l'un des miroirs m'offre une image flatteuse, l'autre pas. L'un chante, l'autre s'afflige. Et moi, pauvre de moi, je vais de l'un à l'autre. Ma schizophrénie y trouve certes son compte, mais c'est fatigant, je vous assure. Ici me voilà plutôt acceptable et là, franchement détestable. Et cela à quelques pas de distance. L'un me rassure, l'autre me désole.
Lequel croire ?
L'un me laisse apercevoir un peu de celui que j'ai été,
l'autre ce vers quoi je suis déjà.
Adolescent vieilli, mais acceptable,
ou poulet ébouillanté qui frise la date de péremption ? Périmé ! Une sorte de truc Jekill et machin Hyde. Voulez-vous que je vous dise ? Je suis plutôt tenté de croire celui qui montre le pire. Je m'arrange pour lui plaire. Je raccourcis mes cheveux, je rentre le ventre, je me cabre comme le baron Charlus devant Jupien. Bref, je cherche à séduire le mauvais et n'accorde plus que des regards négligents au gentil.
Je me raisonne en me disant que ces deux miroirs-là me donnent, après tout, une leçon de philosophie : deux regards sont possibles, à chaque instant sur soi, tout dépend de qui regarde, et comment...